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Un parcours entre nature et culture |
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Gaston Couté et Maurice Lucas |
1800-1911 |
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Gaston Couté et Maurice Lucas, poète également, se sont rencontrés à Montmartre et sont devenus rapidement bons amis. Durant l'été 1899, les cabarets parisiens fermant leur porte, Couté, revenu en villégiature au pays, a loué une pièce au Père Camus, à Aulnay, entre Huisseau-sur-Mauves et Meung-sur-Loire (Loiret). De là, avec son ami qui vient de Paris lui rendre visite, va commencer une odyssée, à pied, bâton en main, en direction de Gargilesse… Au prétexte d’aller chercher des photos à Châteauroux… Sur un coup de tête de notre poète ! Une idée qui ne souffre pas de délai pour sa réalisation, alors même qu'ils sont entrain de faire un billard au Bardon à quelques Km de Meun-sur-Loire. |
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Lorsqu'ils arrivent à Châteauroux après être partis depuis une bonne quinzaine de jours, Gaston Couté et Maurice Lucas sont tout à la joie de retrouver les amis du "Pierrot noir", cabaret qui avait accueilli Couté quelques mois auparavant. Il faut dire que c'est après avoir parcouru environ 150 Km "à pattes"… Inutile de dire dans quel état ils y sont parvenus, après bien des galères qui les ont vus tout à tour, choyés, pourchassés voire emprisonnés (à Saint-Florent-sur-Cher)… Le photographe Dinant, qu'ils surnomment l'Oncle Montosol, leur a tiré le portrait dès leur arrivée… Et ça sent le vécu ! |
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Sur la route avec Couté (Retranscription de Bruno Daraquy émaillée decartes postales anciennes ) Chaque année durant l'été, les cabarets parisiens ferment et Gaston Couté éprouve parfois le besoin d'interrompre la vie de bohème qui l'épuise. Alors, il retourne à Meung pour prendre un peu de repos au milieu des siens. Il a louéune petite maison dans un hameau proche du Moulin de Clan afin d'y recevoir plus librement ses amis. A chacun de ces séjours, sa famille, sa mère surtout, s'inquiète de sa mine fatiguée et de son aspect négligé. Je suis parti ce matin même Encor saoul de la nuit mais pris Comme d'écoeurement suprême, Crachant mes adieux à Paris... Et me voilà, ma bonne femme, Oui, fichu comme quatre sous... Mon linge est sale aussi mon âme... Me voilà chez nous ! "Jour de Lessive" Au cours de l'été 1899, Maurice Lucas, qui se morfond à Paris, rejoint Gaston Couté à Meung-sur-Loire. Celui-ci, sous le prétexte d'aller chercher des photos, persuade son ami de l'accompagner chez Rémi Dinant "Peintre et Photographe à Châteauroux. "La chose étant entendue, nos imaginations de courir et le projet saugrenu dehanter notre cervelle. Le chemin de fer, car il faut songer au transport, c'est vieux jeu, ça va trop vite, on ne voit rien en route, puis il y a les accidents possibles. Il nous faut quelque chose d'un peu mieux. Je ne sais pas monter àbicyclette et je n'en ai pas sous la main ; d'ailleurs mes doigts d'auteur ne m'ont pas encore permis d'acheter une "Auto".Oui, mais nous avons à nous deux, deux robustes paires de jambes. (...) La marche au long des grands chemins dans la liberté pleine, voilà qui est du nanan."lui dit Lucas Et Gaston de renchérir : "C'est ça, mon vieux, nous irons à pattes en chemineux. (...) Mais, il y a toujours un mais en toute chose, (...) il faut manger en route. Je dirai plus, il faut coucher quelque part et je ne me sens pas la vocation de coucher à la belle étoile. Auberge humide s'il en fut. Nos ressources sont médiocres, disons qu'elles n'existent pas. "Nous donnerons des soirées. " Ils vont ainsi parcourir à pied plus de 250 km, de Meung-sur-Loire à Gargilesse, en passant par Beaugency, Blois, Romorantin, Vierzon, Bourges, lssoudin et Châteauroux ! A chaque étape, Couté déclame ses textes pendant que Lucas exécute, sur le vif, des pastels qui sont vendus avec les chansons du poète au cours d'une tombola. Saint Ay
LA PAYSANNE (dédiée aux gâs de Saint Ay) Paysans dont la simple histoire Chante en nos coeurs et nos cerveaux L'exquise douceur de la Loire Et la bonté des vins nouveaux (bis) Allons-nous esclaves placides, Dans les sillons où le sang luit Rester à piétiner au bruit De chants guerriers et fratricides? Refrain En route! Allons les gâs ! Pour un nouvel été Marchons! Marchons ! Semons le grain de la fraternité ! Sarclons les herbes parasites Et que le chiendent soit brûlé ! Pour que ces racines maudites N'étouffent plus le jeune blé ! Arrachons à coups de science L'erreur qui s'en vient infester Les germes de la Vérité Dans le champ de nos consciences ! Ne déversons plus l'anathème, En gestes grotesques et fous, Sur tous ceux qui disent : "Je t'aime" Dans un autre patois que nous ! Assez -de sang, assez de larmes ! - De la joie et de la beauté ! - Jetons hors de l'humanité La gloire homicide des armes ! Soignons nos blés, soignons nos souches ! Que l'or nourricier du soleil Emplisse pour toutes les bouches L'épi clair, le raisin vermeil ! Mais que tous les bras collaborent Avec le tendre soleil blond ! - Dans la ruche, pas de frelon Qui la pille et la déshonore ! - Saluons les vieux qui s'éteignent, Et choyons leur dernier moment ! Ils ont lutté durant leur règne A nous de lutter maintenant ! Si la récolte s'est accrue De ce que le père a pioché, Il reste encore à défricher ! Poussons plus avant la charrue" Meung sur Loire Après le succès obtenu à Saint Ay les deux amis rentrent à Meung sur Loire, font leurs adieux à la famille Couté et à Camus-la-Bébête, chez qui ils étaient hébergés, et s'en vont par les grands chemins. Beaugency Première étape. Il pleut. Ils arrivent trempés, "enfondus" comme dit Couté. C'est jour de marché. Le soir ils donnent leur seconde représentation devant six spectateurs! Mais le cachet de Saint Ay leur permet de coucher à l'hôtel. Tavers Tavers. On y récoltait à l'époque un certain petit rosé que Bouscarat, le logeur montmartrois de Couté, faisait venir sur son conseil, par barriques entières Blois Il semble que leur aspect délabré, leur mépris des contingences sociales et des pouvoirs officiels, leur valent quelques démêlés avec la maréchaussée. Cours-Cheverny L'accueil n'est pas plus empressé si nous en croyons le sonnet de Couté témoin de cette étape : Notre air ne semble pas inspirer confiance. Nous faudra-t-il, ce soir, dormir au coin des meules ? Hélas ! tout est possible avec nos sales gueules... Et d'ailleurs on leur refuse le logis. Ils dormiront dans la paille. Romorantin La salle de l'auberge est pleine; une assistance sympathique accueille avec frénésie les poèmes de Couté, et les pastels instantanés de Lucas donnent un résultat financier qui incite les troubadours modernes à poursuivre. Mennetou sur Cher La salle est toujours aussi comble et le public aussi chaleureux ! Le succès ! Vierzon Aïe ! C'est l'indifférence totale ! Bourges Ils passent sans s'arrêter ; ils ont été signalés à la police. St Florent sur Cher Saint-Florent-sur-Cher. Là aussi ils ont été signalés à la police. On craint, comme ailleurs, qu'ils effraient les populations paisibles. Par leur oubli du beau langage. Ajoutons aussi que leur apparence n'est pas de nature à leur valoir l'indulgence des gendarmes. Si bien qu'à peine installés, Pandore intervient. Emmenés à la gendarmerie, les "deux amis subissent un interrogatoire d'identité, lequel dira Lucas, menaçait de s'éterniser jusqu'au Jugement dernier si, par une diversion opportune, Gaston Couté n'avait eu l'idée de réciter ses oeuvres à la maréchaussée. Il sut sans doute choisir des pièces de son répertoire susceptibles de ne pas déplaire à cette assistance particulière et réussit à la convaincre que sous une apparence de chemineux subversifs se dissimulaient de bons poètes. Le miracle s'accomplit, les gendarmes rirent, on dit même qu'ils allèrent en hâte chercher leurs épouses et amis voisins et que ce fut un triomphe. Relâchés, ils se dirigent sur Issoudun. Issoudun Issoudun : Là le cafetier Margis qui les connaît les accueille à bras ouverts. Six jours durant, les pèlerins de Gargilesse connaissent la douceur d'un gîte plus accueillant et les fumées de l'enthousiasme dans l'euphorie d'une gloire qui chaque soir grandit. Déols On prétend que c'est en septembre 1899, à Châteauroux, que Couté créa Les Conscrits. Cela lui valut quelques ennuis : alors qu'il disait ce texte à Déols, il fut interpellé par des revanchards et les coups de bec faillirent provoquer un pugilat. Châteauroux Ils sont accueillis par Rémy Dinant le photographe, aussi appelé "mon Oncle" ou l'oncle Montosol. Dinant les installe confortablement et alerte les membres du Pierrot Noir les plus voisins. Le Pierrot Noir était un cabaret animé par des chansonniers amateurs sous la houlette de Maurice Dauray. Fondé en 1896, le cabaret était situé au premier étage du café de la Promenade et recevait régulièrement des chansonniers montmartrois. Durant trois semaines Couté et Lucas intercalent leurs chansons parmi celles des poètes locaux. Dinant luimême y va de quelques textes. C'est le succès. Toute la ville veut entendre les deux chansonniers montmartrois. On dit même qu'ils réussirent à économiser quelques sous. Couté étonna encore ses amis en préférant, certains soirs, coucher dans les copeaux du menuisier chansonnier Larty plutôt que dans un bon lit. C'est peut-être là qu'il trouva le thème de la chanson La casseuse de sabots. Argenton Couté et Lucas feront étape à Argenton. En effet, pour répondre à une invitation de ses amis, le dessinateur Gabriel Lion et le peintre Jamet, Couté, toujours accompagné de Lucas, ira à Gargilesse. Gargilesse Maurice Lucas, à la mort de Couté, donnera encore quelques souvenirs à La Guerre Sociale : " Voici Gargilesse, cher à George Sand, où nous arrivons trempés, "enfondus", comme tu disais, chez nos amis Jamet, et si couverts de boue et les cheveux si longs que les paysans demandaient " qui que c'est qu' ces mondes-là ". Ce à quoi répondait Gabriel Lion (encore un mort!) avec désinvolture et au grand scandale de tous : "c'est des amis !" Mon pauvre cher Couté, je t'ai vu revenant d'autres voyages pédestres, de l'Yonne, par exemple, par un temps de froid tel que les corbeaux tombaient morts sur la route ! Ah ! Ton arrivée à la maison, à dix heures du soir, je m'en souviendrai longtemps ! Mais quelles bonnes soirées pendant les quelques mois qui suivirent, quand tu te révélais conteur et caricaturiste. Conteur et caricaturiste, eh oui ! Spirituel et mordant ! On dira de toi que tu avais la dent cruelle. Non, tes expressions étaient brutales parfois, mais, je puis le dire en toute sincérité, il n'est pas un de ceux qui se sont considérés comme tes ennemis, dont je t'aie entendu dire "du mal", ce que l'on appelle du mal. Tu n'as jamais essayé de nuire à quelqu'un, personne n'essaya-t-il de te nuire ? Tu avais un pauvre grand coeur de pitié ! Va ! Combatif et violent ? Oui, et tu en avais le droit, ayant assez souffert." |
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